Certains ont fait le choix de ne pas y aller, par peur du terrorisme, par refus de la récupération politique du mouvement. D’autres ont fait le choix d’y être, pour faire partie de ce mouvement historique, pour la mémoire de notre liberté républicaine, vieille de 2 siècles maintenant.
Comme une promenade du dimanche entre gens bien, sans les cons, nous étions tous des Charlies, ou des Charlots, dépendra du point de vue. Mais en tout cas, on a beau être tous le con de quelqu’un, ce jour là, je n’ai pas eu de con dans le viseur, juste des gens, singuliers et pluriels, à l’image du monde qui m’entoure, tout sourire, avec un peu d’émotion, parfois beaucoup, qui agissaient ensemble, piétinant le pavé de cette ville symbolique pour l’Histoire des libertés.
Oui, tout un symbole, pendant qu’ailleurs plusieurs milliers de personnes perdaient la vie, au nom de cette même liberté, sans caméras braquées sur leurs têtes, comme tous les autres jours, et sans marche rassembleuse prévue.
Nous avons chacun nos idéaux, nos libertés à défendre, et nous ne serons jamais tous d’accord. Sauf peut être quand il s’agit de nos droits humains fondamentaux, de cette petite chose qui se déplace au fond du cœur quand on se sent bafoué, violé dans notre réalité, dans notre espace.
Certains ont senti le besoin de crier leur colère, d’autres de jeter des roses, ou des bières au fond de leur gosier, beaucoup ont réagi, ont été touchés au plus profond. D’autres ne se sont pas senti concernés, peut-être même envahis, sur leurs réseaux sociaux, dans leurs télévisions, dans leurs rues.
C’est pour que chacun ait toujours le droit de ressentir le monde comme il le veut et comme il le croit être juste qu’il faut agir chaque jour, en souriant dans le métro, en donnant la main à mamie pour traverser la route, en prenant le paquet de céréales en haut de l’étagère et en remplissant la cruche quand on est celui qui la vide. Pour que chacun ait un avis, qu’il nous plaise ou qu’il ne nous plaise pas, pour qu’on le laisse avoir son avis, l’exprimer s’il le souhaite, mais dans le respect de chacun, dans l’intelligence de l’écoute de l’autre. Accepter de donner son avis, mais aussi de recevoir celui de l’autre, et, parfois, d’en être perturbé, déplacé sur ses bases, et en trouver de nouvelles, sûrement toujours plus belles et toujours plus justes.