Après avoir traversé toute la Thaïlande en autostop je ne me sentais pas à l’aise à l’idée de finir dans un de ces bus d’État qui amènent les touristes en masse depuis Bangkok jusqu’aux principales villes du Cambodge pour un petit 20€ le voyage crackers compris.
J’étais repartie pour faire le trajet en stop une fois encore, mais je ne savais pas combien de temps je mettrai à atteindre la frontière, ni quel accueil j’aurai de l’autre côté en levant le pouce. J’ai fait quelques recherches et trouvé un train qui fait Bangkok-[ville frontière], dernière ville avant la frontière, pour 47 baht, soit un tout petit peu plus d’un euro.
Il y en a deux par jours. Le premier part de Bangkok aux alentours de 6h pour arriver à la frontière vers midi. Le deuxième arrive après la fermeture du poste frontière. Il est donc inintéressant, sauf si vous voulez passer votre soirée au casino de [ville frontière] en attendant le lendemain. Le ticket se prend au comptoir de la gare le matin du départ et le train part à l’heure. Le confort est sommaire -des bancs en bois- mais c’est agréable de laisser le paysage disparaitre dans les rayons du soleil levant pendant que les locaux finissent leur nuit sur le banc d’à côté ou mangent des snacks en vous observant, vous et les quelques 3 ou 4 autres blanc-becs qui ont eu la même idée au réveil.
Les 6h de route passent tranquilement, entre rizières, petits villages, blagues au coin de la fenêtre et petit garçon turbulent qui vient s’assoir sur vos genoux. Puis on arrive à la gare. La frontière est encore à 5 km. Une armée de tuk-tuk nous attendent. Ils savent que certains touristes font le voyage en évitant les bus all inclusive. C’est la cohue sur le parking, et comme je n’aime pas me faire alpaguer, je prends la route à pieds, têtue que je suis. C’est au bout de 1,5km que, en sueur, je cède mes derniers 20 bahts à un chauffeur qui m’amène jusqu’au poste frontière. Je ne sais pas à combien est le chemin en tuk-tuk depuis la gare, mais je pense avoir fait une relativement bonne affaire.
Le chauffeur me rappelle de ne pas aller dans l’agence sur la droite où il est écrit en gros « VISA » un peu partout, mais bien de passer directement la frontière avant de faire mes papiers. Il s’agit d’une arnaque destinée à faire cracher quelques billets supplémentaires aux touristes. Je passe donc la frontière Thaïlandaise en moins de 2 minutes. Il n’y a pas grand monde, les bus touristiques n’arrivant que vers 13h-13h30. Je passe la zone duty free dans laquelle on peut faire son visa on arrival pour le Cambodge et j’arrive au poste frontière Cambodgien. J’ai fait mon visa en ligne, plus rapide et sans prise de tête. Là, on me donne un papier à remplir pendant que je fais la queue. C’est un peu plus long, j’attends un petit quart d’heure avant de passer. Il fait chaud malgré les ventilateurs qui tournent à plein régime, mais comme on évite les bus touristiques, pas de perte de temps.
Une fois passée la frontière, je me retrouve nez à nez avec des carrioles, des vaches, des pousse-pousses et autres engins sortis du passé. La route est en poussière, les gens bien plus pauvres que 5 minutes avant. Et il y a une horde de chauffeurs de taxi. On me propose une navette gratuite pour m’amener à « l’arrêt de bus ». Cet arrêt est dans une autre partie de la ville et les bus proposent des trajets pour les principales villes dans les alentours de 10€. Si vous n’êtes pas autostoppeur dans l’âme, ça peut être une bonne affaire. Il y a aussi, tout le long de la route pour sortir de la ville, des « agences » avec d’autres propositions de bus pour différentes destinations. Les prix au final sont sensiblement les mêmes.
Je commence ma longue marche de 4 km pour arriver à la sortie de la ville-frontière, pour dépasser les casinos, les bus et les taxis qui s’arrêtent tous pour me faire profiter d’une course. C’est un peu envahissant mais les gens restent courtois. Quand je trouve enfin un bon spot à l’ombre, à la sortie de la ville, un groupe de 4 gars jouent aux cartes assis derrière moi, à côté d’une petite boutique. L’un d’entre eux me demande où je vais et, à chaque voiture qui s’arrête, explique mon cas en Khmer au chauffeur. Ce n’est pas pratique parce que si les voitures vont dans ma direction, elles s’arrêtent toujours dans une ville avant Angkor et lui ne comprend pas que je ne cherche pas forcément à faire le trajet en une fois.
Il y a une voiture qui s’arrête toutes les minutes, femmes ou hommes, jeunes ou vieux, indifféremment. Tout le monde en fait, ou presque, s’arrête. C’est en moins de 10 minutes que je trouve enfin un ride direct pour Siem Reap, la ville où sont les temples d’Angkor. C’est un couple bien sympathique qui m’offrent un café et des bonbons. Le chemin dure 3h de plus. Le paysage est monotone et plat, je finis par m’assoupir jusqu’à l’arrivée en ville. Je suis déposée à 2 km de mon hôtel et je finis le chemin à pieds. J’arrive enfin à 17h30 et je file prendre une grosse douche.
Même si les Cambodgiens ne connaissent pas l’autostop, ils viennent facilement en aide à quelqu’un qui fait des signes au bord de la route. Comme en Thaïlande, il n’est pas rare de finir à l’arrière d’un truck ou sur un engin à moteur bizarre fabriqué maison. Les gens sont très aidants et accueillants.